HAPPY SCOOT évolue et devient ROLL AND GO pour les professionnels.
Afin de renforcer ses équipes logistiques mises à mal lors de la crise du coronavirus et d’améliorer ses flux, le CHU Amiens-Picardie a équipé son site sud de quatre trottinettes électriques. Capables de tracter une tonne en toute sécurité dans les couloirs de l’établissement, elles attirent désormais l’attention d’autres services de l’hôpital.
Publié le 24/08/2021 par Antoine Goessaert sur Hospimedia. Pour lire l’article sur leur site web, cliquez ici.
Lorsqu’en février 2020, Imad Fakhri, ingénieur en charge de la logistique au CHU Amiens-Picardie (Somme), affecte un coursier pour alimenter les différents services de l’hôpital touchés par la crise, ce dernier est encore loin d’imaginer que le traitement de la pandémie allait s’étaler sur plus d’une année.
« Avant l’achat des trottinettes nous étions sur une configuration où un seul coursier devait réaliser quotidiennement près de 30 kilomètres, il fallait donc trouver une solution rapidement. »
Imad Fakhri, ingénieur en charge de la logistique au CHU Amiens-Picardie
Spécialement conçu pour l’environnement hospitalier
En mars 2020, l’ingénieur commande quatre trottinettes électriques qui sont réceptionnées le mois suivant pour une utilisation immédiate. L’équipement se présente comme une forme de scooter à trois roues sur lequel sont installés deux espaces de rangement. Un panier à l’avant ainsi qu’une caisse hermétique à l’arrière. Le tout représente une masse portée de 120 kilogrammes. La trottinette peut augmenter cette charge en tractant derrière elle un roll sur lequel peut être attelée plus d’une tonne de matériels supplémentaires.
Pour ce qui est du déplacement en lui-même, l’engin est muni de freins à disques à l’avant et à l’arrière, ce qui permet d’effectuer des freinages progressifs comme lorsque l’on circule à vélo. Un avantage non négligeable en matière de sécurité face aux anciens chariots de manutention qui ne possèdent qu’un frein moteur. Un dispositif qui rend l’arrêt beaucoup plus brutal sans la moindre possibilité de doser.
Si le tricycle est capable de circuler à des vitesses importantes, il a été volontairement bridé à 6 kilomètres par heure pour s’adapter facilement aux déplacements intra-muros à l’hôpital. Pour cette même raison, il est capable d’effectuer une marche arrière et est pourvu d’une sonnette afin de prévenir de son arrivée. D’ailleurs le pilotage de ce type de trottinette demeure très intuitif et ne nécessite aucune réelle formation préalable. Enfin, l’appareil se recharge sur une durée de temps très faible et présente une autonomie pouvant couvrir la journée entière.
Un allié au cœur de la crise
Sur les quatre trottinettes commandées, deux d’entre elles ont été spécifiquement éprouvées dans le cadre exclusif de la crise à compter du mois d’avril 2020 avec un certain succès. Les missions essentielles étaient alors d’assurer l’alimentation logistique des services consacrés à la lutte contre le Covid-19 avec en priorité le service de réanimation, le service de soins Covid et les laboratoires d’analyses. Cela s’illustre par exemple à travers le transport permanent d’échantillons biologiques vers les laboratoires ou bien la livraison constante d’équipements de protection individuelle.
Les deux autres trottinettes ont été affectées au service transport patient. Chargé de l’acheminement des produits de traitement oncologique, ce service a employé ces trottinettes pour transporter quotidiennement des poches de chimiothérapie depuis leurs lieux de fabrication jusqu’à l’endroit où elles seront administrées. À cela s’ajoutent d’autres missions de livraison ponctuelles.
Les principales craintes initiales concernaient les éventuels risques de collision causés par ce type de transport au sein des couloirs de l’établissement. Cependant, aucun accident n’a été relevé. Insoupçonné, un des bénéfices de cette innovation est
la réduction des troubles musculo-squelettiques et une atténuation globale de la pénibilité ressentie par les agents hospitaliers dans l’exercice de leurs tâches quotidiennes.
Une solution de dépannage à part entière
Aujourd’hui avec la diminution progressive de la pandémie, les deux trottinettes initialement réservées à la lutte contre la crise ont été réaffectées au sein de l’unité logistique souterraine de l’hôpital. Cette dernière est composée d’une multitude de galeries dans lesquelles transitent vingt-sept véhicules guidés automatiquement (AGV) chargés d’assurer la majorité des flux de l’hôpital (linge, déchets, etc). À la tête de cette organisation se trouve un opérateur qui supervise en permanence la bonne marche de ce système par le biais d’un panneau de contrôle indiquant les éventuelles défaillances.
Si une panne est détectée, l’opérateur doit rejoindre l’AGV touché afin de la résoudre rapidement. L’enjeu est de taille dans la mesure où l’arrêt d’un tel véhicule dans le circuit peut provoquer un embouteillage et retarder les livraisons en cours. C’est à cet instant que les trottinettes s’offrent comme moyen d’assistance dans la mesure où elles permettent à l’opérateur de rallier rapidement plusieurs kilomètres de galeries souterraines.
Face au succès rencontré par ces trottinettes, plusieurs services ont manifesté leur intérêt pour ce type de transport innovant. À l’image de l’activité chirurgicale, de la pharmacie et du service d’endoscopie qui possèdent leur propre logistique et qui sont intéressés pour une éventuelle mutualisation des équipements. C’est sur cet élan que l’activité logistique du CHU Amiens- Picardie prévoit l’achat d’autres trottinettes afin de favoriser la création d’un service de logistique pédestre d’urgence. Une unité qui serait, avec les AGV, en charge de l’ensemble des flux de l’hôpital.